Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à
l'Inserm, figurait sur la liste des trente promus sélectionnés par Cécile
Duflot, la ministre du Logement. Elle lui a écrit hier pour refuser sa Légion
d'honneur.Un geste destiné à attirer l'attention sur "l'impunité qui, jusqu'à
ce jour, protège les responsables de crimes industriels".
"Ma démarche se
veut un appel à la mobilisation citoyenne, mais aussi parlementaire et
gouvernementale, pour le respect des droits fondamentaux à la vie, à la santé,
à la dignité. Nous voulons être pris au sérieux lorsque nous donnons à voir
cette dégradation des conditions de travail, le drame des accidents du travail
et maladies professionnelles, mais aussi l'accumulation des impasses
environnementales, en matière d'amiante, de pesticides, de déchets nucléaires
et chimiques..."
Spécialiste des cancers professionnels, et porte-parole de
Ban Asbestos France, une association de lutte contre l'amiante, Annie Thébaud-Mony évoque également "la sous-traitance et le transfert des
risques vers des populations très précarisées (maintenance, nettoyages, gestion
des déchets)».
La chercheuse dont la carrière a été "bloquée pendant
dix ans", plaide enfin pour que la recherche sur l'exposition aux
cancérogènes au travail soit dotée des moyens financiers publics nécessaires et
que les jeunes chercheurs qui s'y adonnent cessent d'être maintenus dans un
statut précaire.