jeudi 2 août 2012

Canada : Des mois de lutte... pas de solution par des élections


Un camarade anarchiste canadien que nous nommerons FDolan nous a fait parvenir un texte résumant la situation dans son pays. Vous trouverez ci-dessous ce texte fort instructif
 
Des mois de lutte... pas de solution par des élections!

La grève étudiante préparée depuis plus d'un an suite à l'annonce d'une hausse des droits de scolarité de 1625$, est lancée. À ce jour, un peu plus de 20 000 étudiants, regroupés en associations, sont dotés d'un mandat de grève générale illimité. Ces étudiants proviennent principalement des universités ayant un grand historique militant. Ici, nous parlons principalement de l'UQAM (Université du Québec à Montréal ), de quelques associations de l'UDEM ( Université de Montréal ) et de l'Université Laval, situé à Québec. Dans les semaines suivantes, des centaines de milliers d'étudiants se sont joints à la lutte. Ici, il est parfois plus long pour certains de se joindre à une grève. L'institutionnalisation, causée par leur accréditation et leur légalisation, des associations étudiantes au Québec les rendent plus lourdes mais d'autant plus forte.
 
Les quelques centaines d'associations étudiantes répandues à travers le Québec se retrouvent dans 4 grandes associations nationales. On retrouve, en premier lieu, la CLASSE (Coalition Large de l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante), qui est une version élargie de l'ASSÉ ayant pour but d'ouvrir ses structures pour accueillir des associations moins ''radicale''. Elle est donc l'association nationale la plus à gauche, pratiquant la démocratie directe et le syndicalisme de combat. De plus, cette association est anticapitaliste, anticolonialiste, féministe et antifasciste. Les grands médias critiquent souvent leur tendance libertaire et leur combativité. Par contre, depuis quelques temps, ils ont prient une ligne un peu plus douce afin de mieux passer dans la population. Les actions directes sont maintenant souvent faîtes par de petits groupes afin de ne pas salir la réputation de la CLASSE, se dissociant de plusieurs actions de désobéissance civile. Finalement, la CLASSE est pour la gratuité scolaire et contre la marchandisation de l'éducation.
 
Ensuite, il y a la FEUQ et la FECQ, deux grandes fédérations étudiantes très corporatiste, n'ayant aucunement une attitude combative. Ils sont beaux, propres et fins. Les médias de masse les préfèrent à la CLASSE, même s'ils ne représentent qu'une toute petite proportion des étudiants en grève et qu'ils n'ont presque pas aidé au mouvement de grève, sauf par la production de matériel informatif.

En dernier lieu, il y a la TaCeQ, une association nationale regroupant quelques grandes associations de campus. Cette association n'a pas beaucoup de mandat ni de moyen. Elle est souvent oubliée par la population et les médias. Bref, elle est inefficace dans une lutte.
 
Alors que la grève avait rassemblé plusieurs centaines de millier d'étudiants, le gouvernement ne pouvant plus gérer la grève, le juridique s'est mis de la partie. Des injonctions donnant obligation de cours à des associations ayant voté la grève (parfois à l'unanimité dans le cas de l'AÉÉA ( l'association des étudiants et étudiantes en anthropologie de l'Université Laval )). Les injonctions avaient donc un pouvoir supérieur à la décision prise par démocratie directe des assemblées générales, ce qui rendait ses décisions démocratique caduc. Une fois de plus, la démocratie directe se voyait attaqué et sa légitimité, remise en doute par des institutions coercitives extérieures. Ici, il est question du gouvernement par la loi 78, des administrations d’institution scolaire et des cours de non-justice. Tout cela, c'est sans oublier les forces policières venant dans nos université et cégeps pour défoncer les lignes de piquetages.

En plein cœur de la grève étudiante et de la colère de plus en plus généralisé, le PLQ ( Parti Libéral du Québec, le parti au gouvernement ) déclare un conseil général du parti à Montréal. Quelques jours après la déclaration, voyant que la grogne populaire allait se transformer en manifestation monstre pour s'opposer aux décisions de son parti, Jean Charest, le ''cheuff'', déplace l'évènement dans une petite municipalité à près de 200 kilomètres de Montréal, à Victoriaville. Cette ville est considéré comme un havre de paix et de coopération. En revanche, lors de cette soirée du 4 mai 2012, tout en fût différent. Ce que l'on appel aujourd'hui la Bataille de Victoriaville a été d'une violence sans précédant dans la lutte étudiante de cette année. Une quantité incroyable de pro-émeutes ( les supposés ''anti-émeutes'', dans le jargon policier ) étaient de la partie et environ une quarantaine d'autobus pleines de militants en colères, venus de tous coins du Québec s'étaient rassemblées. Une mince clôture invitante était placé face à la salle des congrès, hôte du parti libéral. Bref, tout était réunis pour que la soirée brasse.

Le tout était orchestré à la fin d'une ronde de négociation entre étudiants et gouvernement. Les négociations étant rompus par la partie gouvernementale, la grogne étudiante n'en était que décuplé. Finalement, lors de cette bataille, il y a eu plusieurs camarades blessés par des projectiles sublétales policiers. Ces projectiles, de la grosseur de la paume d'une main, en plastique très solide et d'une masse volumique élevé ont, en effet, cassés toutes les dents d'une camarade, causé un traumatisme crâniens à un étudiant, et fait perdre la vu à un autre camarade de lutte.Voici une enquête indépendante sur des commentaires fasciste ; http://www.fachowatch.com/des-fachos-dans-larmee-canadienne/

Après l'application de la loi 78, voyant l'incapacité de son application par les forces policières, le gouvernement a suspendu la session collégiale et universitaire pour une partie de l'été. Nous arrivons maintenant à une situation assez invraisemblable. Les sessions collégiales seront restaurés au cours de la semaine du 13 août, dans les 14 cégeps ayant été en grève. Les enseignants, supportant les étudiants et les étudiants, ayant voté en faveurs d'une grève générale illimité, devront retournés dans leur institution d'enseignement et jouer aux profs et aux élèves. Tout cela, suite à la décision d'un gouvernement voulant interrompre une grève. Nous crierons <<Aux Barricades>> Afin de faire entendre notre droit de grève, nous devrons nous battre contre la police et les forces répressives. Utiliser la répression afin de provoquer un retour en classe forcé... Le ridicule ne tue pas me dit-on, mais il pourrait faire perdre des élections!
 
Effectivement, à l'heure où je vous fais se compte-rendu de la situation politique au Québec, nous attendons un déclenchement officiel des élections. Il se fera fort probablement en soirée, dans quelques heures. Les partis politiques se sont tous préparés, PLQ, PQ, QS, ON et la CAQ, tous sont prêt à rentrer dans l'arène politique, le temps d'un mois intensif. Plusieurs dossiers seront très chauds lors de cette élection. Premièrement, le conflit étudiant, certains partis sont du côté des étudiants ; QS, ON et le PQ (bien que celui-ci soit beaucoup plus ''frileux'', comme on dit en bon québécois. ) et d'autres sont contre les étudiants ; PLQ et CAQ. On peut donc diviser ces 5 partis de la gauche vers la droite comme ceci ; Québec Solidaire ( QS ), Option Nationale ( ON ), Parti Québécois ( PQ ), Parti Libéral du Québec ( PLQ ), Coalition Avenir Québec ( CAQ ). Le ''hic'' est que la CLASSE, le principal syndicat étudiant dans la lutte est encore plus à gauche que Québec Solidaire, bien que leur proposition officielle soit assez semblable, ce qui fait qu'une bonne partie des étudiants en lutte voteront pour ce dernier.

Ensuite, il y aura aussi un grand débat sur la place du Québec dans le Canada, son autonomie, sa souveraineté. Troisièmement, nous parlerons de nos ressources naturelles, la vente de notre territoire par le PLQ, l'exploitation abusive de nos terres. Finalement, il sera question de notre système de santé publique et de la tarification des services publics.

Mais, pour revenir au sujet principal, le plus grand débat au sein du mouvement étudiant est et sera l'importance du système électoral dans un contexte de lutte syndicale. Est-ce que l'on veut vraiment que notre grève se termine par une élection bourgeoise ou voulons-nous continuer la lutte jusqu'à temps d'atteindre nos objectifs. Quel que soit notre décision, il est important de prendre en compte ces élections puisqu'elles représentent tout de même un moment important pour la participation populaire à la démocratie, un minimum. Par contre, le sort de ces élections pourraient être très désastreux si le PLQ ou la CAQ remporte un grand nombre de siège, formant un gouvernement de droite néolibérale ensemble.

Bref, en même temps que le non-retour en classe se fera, les élections feront vibrer nos écrans télévisés. La lutte devra continuer, nous ne devrons pas lâcher. Sans la jeunesse, le monde n'est pas. Il ne faut pas l'oublier.

Sur ce, bonne journée à vous camarade anarchiste, un prochain billet suivra au cours de ces élections pour vous décrire la lutte que nous menons.