En ce jeudi 9 août 2012, quoi de neuf en ce monde ??? En un
mois, les prix mondiaux du blé viennent d'augmenter de 50 % et ceux du maïs de
45 %, nouvelle catastrophe dans un monde où plus d'un milliard de personnes
souffrent de la faim. Elle est d'autant plus révoltante que la production
céréalière mondiale n'a jamais été aussi élevée. Elle a atteint cette année 2
400 millions de tonnes, 500 millions de plus qu'il y a dix ans, soit une
augmentation deux fois plus rapide que celle de la population mondiale.
Mais il a suffi que les prévisions des futures récoltes de
maïs, qui devaient battre des records, soient revues légèrement à la baisse
suite à la sécheresse aux USA, pour que les prix flambent. Une grande partie de
la production est en effet échangée sur les marchés des céréales sous forme de
contrats à terme. Ils représentent un engagement de vente d'une certaine
quantité à celui qui possède le papier, à une date donnée. Ainsi, si les
boursicoteurs anticipent une baisse de production par rapport aux attentes, ils
vont se précipiter sur les papiers correspondants, dont les cours vont
s'envoler. Et cette hausse des cours à terme provoquera aussi la flambée
instantanée des prix du produit, alors même qu'il n'y a aucune pénurie
alimentaire réelle.
Ces spéculateurs ne sont pas des inconnus. Une dizaine de
sociétés richissimes contrôleraient 85 % des échanges mondiaux de biens
alimentaires : par exemple Monsanto, leader du maïs et des aliments pour
bétail, ou Cargill (25 % du blé commercialisé dans le monde), ou encore Louis
Dreyfus (31 % du commerce du riz). Pour elles, cette situation est une
excellente affaire.
Par contre, c'est un drame pour des populations comme celle
du Sahel, où 18 millions de personnes souffrent déjà de la faim. Ces dernières
semaines, cette spéculation internationale a eu des conséquences directes sur
les marchés des villes de la région, comme Niamey ou N'Djamena, où les prix des
céréales ont déjà augmenté de 30 % et plus.
Il y a deux siècles, Fourier dénonçait la société
capitaliste qui s'installait, où « la pauvreté naît en civilisation de l'abondance
même ». Cela reste malheureusement vrai, et à une échelle encore plus grande.
Fourier en avait déduit la nécessité de changer radicalement la société. C'est
encore plus urgent aujourd'hui.
Voila encore un jour en ce beau monde…. Allez allez circulez
il y a rien à voir.