samedi 2 juin 2012

Pas de redémarrage à Florange en 2012


La direction n’a accordé aucune interview à la presse. Seul un communiqué a été diffusé. Quelques lignes qui claquent comme les pétards à air comprimé qui ont explosé les oreilles de ceux qui attendaient aux grilles du siège social ArcelorMittal France, hier, à Saint-Denis. Résumé du propos : prolongation de la suspension temporaire d’une partie des installations de Florange au second semestre 2012, pour cause de mauvaise conjoncture… Circulez, il n’y aura bientôt plus rien à voir, à Florange.

Casqués, masqués, armés de banderoles, mégaphones et de ces fameux explosifs qui leur ont permis de faire du bruit pour dix fois leur nombre, ils n’étaient pas bien nombreux, les militants, à avoir fait le déplacement depuis Florange. Plus de trois mois de conflit, « sans le semblant d’une bonne nouvelle » ont de quoi épuiser les plus vindicatifs. Pourtant, la soixantaine de courageux, dans le bus dès 5h, était bien là, prompte à multiplier déclarations devant la presse au grand complet. « Mittal nous traite par le mépris ? On le fait savoir. » Et toujours ces slogans entonnés par des métallos à l’unisson : « Tous ensemble, Tous ensemble. On ne lâche rien. Ils ne lâchent rien, mais qu’ils semblent démunis devant un Mittal à la force d’acier et à la volonté de rouleau compresseur !

Hier, point de flagornerie. Tout au plus une petite poussée sur les grilles du siège, qui a obligé les CRS à venir remettre un peu d’ordre. Pour le reste, l’atmosphère était noire et les gorges nouées. « C’est grave ce qui se passe. La direction condamne à mort le site de Florange. On ne reste pas plus d’un an au chômage partiel. Les jeunes vont partir », alerte Yves Fabbri (CGT).

 « Mittal laisse pourrir la situation… Après, on nous dira qu’on n’a plus les compétences, qu’il faudrait trop d’investissements pour redémarrer… », s’alarme Fred Weber (CFDT).

Pire. Avec la filière liquide à l’arrêt, l’aval, ses trains à chaud et à froid , risque le déséquilibre. « C’est l’usine intégrée qui fait la force de Florange, rappelle Jean Mangin (CGT). On va au-devant de problèmes de coûts, d’intégration, de risque d‘une cokerie condamnée. 20 M€ doivent être investis sur le train à chaud pour voir l’Usibor passer en grande largeur. Si ça n’est pas fait, tout est remis en cause. »

Jean-Marc Veckring, délégué CCE (CFDT), apparaît plus sombre que jamais. « Les chiffres qu’ils produisent sont catastrophiques. On ne comprend pas leurs analyses, mais ils ne répondent pas à nos questions. Le marché n’est pas tel qu’ils nous le décrivent… Quels moyens avons-nous pour le vérifier ? Avec ce qu’ils nous montrent, c’est une catastrophe pour toute la France sidérurgique. Pas seulement Florange. Ils n’assurent pas le redémarrage du haut fourneau de Dunkerque, après sa maintenance d’été ; les galva. de Montataire (Oise) et Mardyck (Nord) sont menacés. Ils nous brossent un tableau de plus en plus noir et Mittal, lui, est tranquille avec le chômage partiel payé et les tonnes carbone qu’il récupère. Ça ne peut plus continuer comme ça. »