vendredi 15 juin 2012

Marseille : Des bidonvilles aux trottoirs


Sous la passerelle de l'A55, une vingtaine de tentes s'alignent. Des familles roms vivent sur ce bout de trottoir, repoussées aux limites de la ville. D'expulsion en expulsion, elles sont contraintes de vivre dans des situations très précaires dénoncées par Médecins du Monde (MdM) dans une lettre au défenseur des droits, Dominique Baudis. 


Selon l'association humanitaire, 85% des sites connus par les médecins de l'ONG ont été vidés de leurs occupants, sans aucune solution de relogement. «Depuis un an et demi, les expulsions se multiplient. On perd de vue les gens que l'on suivait et leurs conditions de vie se dégradent considérablement, explique Cendrine Labaume, la coordinatrice de MdM à Marseille. Même au fin fond du Soudan, dans les camps de réfugiés, on trouve un point d'eau et des sanitaires. Ce n'est pas le cas pour ces familles.» Les conditions de vie, dans les camps de fortune installés le plus souvent sous l'autoroute ou sur les voies ferrées désaffectées, entraînent une hausse des intoxications au plomb. Sur 40 enfants examinés par MdM, 29 sont atteints de saturnisme. Seuls 55% des Roms sont vaccinés contre la rougeole, contre 90% de la population générale. «Des indicateurs sanitaires inquiétants» exposant les familles aux complications des maladies comme la tuberculose. «Déplacer le problème d'un trottoir à l'autre ne résoudra rien, estime Caroline Godard de Rencontres Tsiganes. Nous ne sommes pas en face d'une immigration massive et nous savons accueillir des populations migrantes, alors agissons.» L'association demande aux pouvoirs publics un moratoire sur les expulsions et une solution de relogement durable pour les 1 000 à 1 500 Roms de Marseille.