«Les preuves scientifiques sont irréfutables et les
conclusions du groupe de travail ont été unanimes: les émanations des moteurs
diesel causent des cancers du poumon», a déclaré le Dr Christopher Portier qui
le présidait. «Etant donnés les impacts additionnels pour la santé des
particules diesel, l'exposition à ce mélange chimique doit être réduite dans le
monde entier», a-t-il ajouté dans une déclaration. De surcroît, les experts ont
noté une «association positive» avec un risque accru de cancers de la vessie
sur la base d'éléments plus limitées.
D'importantes populations sont exposées quotidiennement dans
le monde aux émissions des moteurs diesel non seulement par le biais des
véhicules routiers, mais aussi par d'autres modes de transport (trains comme
les TER en France, bateaux...) et par des générateurs d'électricité, rappelle
le CIRC. Par ailleurs, le groupe de travail a conclu que les gaz d'échappement
de moteurs à essence étaient «peut être cancérogène pour les humains (Groupe
2B)», un classement «sans changement depuis la précédente évaluation en 1989».
Depuis 1971, plus de 900 agents ont été évalués parmi lesquels
plus de 400 ont été classés comme cancérogènes ou potentiellement cancérogènes
pour l'homme. «Ma réaction, c'est: "enfin!"», a réagi le Dr Patrice
Halimi, secrétaire général et porte-parole de l'association Santé environnement
France qui regroupe 2.500 médecins. «On sait depuis très longtemps que le
diesel est un mauvais choix sanitaire, et que cette politique publique (visant
à promouvoir un parc diesel en France) est une erreur», a-t-il ajouté. «A la
suite de cette reconnaissance par l'OMS, j'appelle à ce que nous mettions en
place une politique publique qui soit réellement tournée vers la santé», a-t-il
conclu.
Favorisé par une politique fiscale avantageuse, le diesel
s'est fortement développé en France: il équipe près de 60% du parc automobile
aujourd'hui, contre à peine plus du quart en 1995. Réputé meilleur pour le
climat que le moteur à essence en générant moins de CO2 au kilomètre, le diesel
émet en revanche des particules fines. Ces particules, émises aussi par le
chauffage au bois et l'industrie, seraient en France à l'origine de quelque
42.000 morts prématurées chaque année, selon le ministère de l'Ecologie. Le
diesel émet par ailleurs un gaz, le dioxyde d'azote (NO2), responsable de
maladies respiratoires et cardio-vasculaires. Pour se conformer à des normes
européennes de plus en plus exigeantes, des progrès ont toutefois été faits en
matière de performance et de «propreté» avec des systèmes de filtration de plus
en plus efficaces.