lundi 18 juin 2012

Election Grec : une majorité pro-austérité


Les électeurs grecs ont finalement choisi dimanche le statu quo, c’est-à-dire le maintien dans la zone euro sans remise en question radicale du plan d’austérité. C’est le verdict de ce deuxième scrutin qui sera assurément accueilli avec soulagement à Berlin, Bruxelles, et même, secrètement, par François le second peu désireux d’une tempête immédiate sur la zone euro.

Le vainqueur est Nouvelle Démocratie, le parti traditionnel de la droite grecque dirigé par Antonis Samaras, qui frôle les 30% des voix et disposera de 128 sièges dans l’assemblée qui en compte 300. Il ne dispose donc pas de la majorité absolue, et s’est prononcé dès dimanche soir pour une coalition avec le Pasok, le parti socialiste grec, arrivé troisième avec 12,2% et qui remporte 23 sièges.

Syriza, le parti de la gauche radicale, qui conteste vigoureusement le plan d’austérité imposé à la Grèce par la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, FMI), tout en assurant qu’il souhaite que la Grèce reste membre de la zone euro, est arrivé second, avec 27,12% des voix et aura 72 sièges.

Même s’il ne gagne pas, c’est un incontestable succès pour le parti dirigé par Alexis Tsipras, qui a connu en peu de temps une croissance phénoménale au sein de l’électorat grec. En 2009, Syriza ne « pesait » que 4,5% des voix. En mai, il grimpait à 17%, et un mois plus tard 27% !

Peu après l’annonce des résultats, le Pasok (parti socialiste grec) a créé la surprise en affirmant qu’il ne participerait pas à une coalition sans la participation de Syriza, malgré l’incompatibilité de leurs positions. Syriza a refusé l’offre, et a même précisé que si Nouvelle Démocratie ne parvenait pas à former une coalition, il ne chercherait pas à former le sien. Alexis Tsipras a déclaré dès dimanche soir : « Nous serons une opposition forte, nous ne sacrifierons pas nos positions. »

A noter le score qui reste fort du parti néo nazi Aube dorée, qui gagne près de 7% des voix et aura donc 18 élus.

Rien n’est jamais totalement prévisible en politique grecque. Néanmoins, avec ce résultat, les électeurs grecs, malgré leur opposition à l’austérité qui les frappe, ont majoritairement choisi des partis qui l’acceptent. La peur du vide, en cas de sortie de l’euro si Syriza ne parvenait pas à renégocier les conditions de la Troïka, a sans doute joué.

Le scénario d’une coalition des deux partis traditionnels acceptant l’accord avec Bruxelles éloigne l’orage qui se préparait autour du sort de la Grèce dans la zone euro.

Ces derniers jours, les dirigeants européens s’étaient concertés pour faire face à une nouvelle crise en cas de résultat similaire à l’élection de mai, qui n’avait permis à aucun parti de former un gouvernement. Ce scénario de crise s’éloigne, et dès dimanche soir Antonis Samaras, probable chef du gouvernement, a eu plusieurs dirigeants européens au téléphone.

Le président de l’UE, Herman Von Rumpuy, a tweeté dans la soirée sa satisfaction, et a déclaré que l’Europe était prête à « poursuivre son aide à la Grèce ». Pour autant, les problèmes de la Grèce ne sont pas terminés, la potion amère de l’austérité restant tout aussi insupportable pour la population. Et Syriza est aujourd’hui en position de construire une alternative en cas d’échec des vainqueurs de juin 2012.

Le résultat des élections grecques

Nouvelle Démocratie (droite) 29,53%, 128 sièges.
Syriza (Gauche radicale) 27,12% – 72 sièges.
Pasok (Soc) 12,2% – 23 sièges.
Grecs indépendants 7,56% – 20 sièges.
Aube dorée (neo-nazis) 6,95% – 18 sièges.
Gauche démmocratique 6,23% – 17 sièges.
Parti communiste grec 4,47% – 12 sièges.