mercredi 18 avril 2012

Harcèlement moral, homophobie, injures racistes : plaintes dans la police du Nord


Les affaires éclaboussant la police du Nord s'enchaînent L'IGPN, la police des polices, débarque en début de semaine à Lille après deux plaintes déposées par des fonctionnaires.

Harcèlement moral permanent, discrimination, homophobie. Ces accusations sont portées par Philippe Patisson, chef du CCPD (centre de coopération policière et douanière) de Tournai (B) depuis juin. Elles visent son passage tourmenté à la tête du SDIG (service départemental de l'information générale) du Nord de 2008 à 2011 : « J'ai signalé ces faits à la direction centrale, personne n'a bougé, déplore le commissaire divisionnaire. Pour me protéger ainsi que mes collaborateurs, j'ai attiré l'attention de la justice : une décision mûrie et douloureuse après trente ans dans la fonction publique. » Il a déposé plainte contre X au parquet de Lille en février.

Plusieurs policiers sont visés à différents degrés, dont Jean-Claude Menault, numéro 1 de la sécurité publique du Nord à l'époque. « C'est le résultat de tensions au sein de l'information générale avec une guerre interne entre pro et anti Patisson, analyse Benoît Lecomte, secrétaire zonal du syndicat Alliance. Il a vécu des moments difficiles. Tout a été fait pour le déstabiliser et l'inciter à quitter ses fonctions. Certains n'ont pas hésité à le railler et le provoquer sur ses orientations sexuelles. » La lutte des clans aurait débouché sur des dérapages : « Des propos racistes, xénophobes et homophobes ont été tenus, à l'antithèse de mon engagement policier, martèle Philippe Patisson. Mais ça ne concerne qu'une minorité de fonctionnaires. Par ailleurs, dès le départ, il y a eu une volonté de casser le SDIG (nouvelle version des RG créée en 2008) de la part de Jean-Claude Menault. Notre travail n'a jamais suscité son intérêt. »L'ex-chef du SDIG met aussi en cause une enquête menée contre lui : des pressions auraient été exercées par des officiers et un commissaire sur son garagiste personnel afin d'obtenir une fausse attestation visant à le salir.

  Des témoignages de fonctionnaires alimentent la plainte. L'un d'eux émane de Serge Guillen, l'ancien grand patron national de l'information générale. La police des polices l'a entendu après l'audition de Philippe Patisson fin mars à Paris. Elle arrive en début de semaine à l'hôtel de police de Lille Sud.

 Plusieurs dizaines de personnes devraient être interrogées. L'IGPN tentera peut-être d'élucider une autre plainte déposée récemment par une fonctionnaire du SDIG. Là encore, du harcèlement est évoqué, tout comme des injures racistes.

 Jean-Claude Menault assure n'avoir appris l'existence des plaintes que « vendredi, par une journaliste. Curieusement, elles ont été déposées après mon départ en retraite au 1er février (à cause du scandale du Carlton de Lille). » Arguant de son ignorance de leur contenu, il ne les commente pas en détail. Mais tacle Philippe Patisson en sous-entendus : « Il y en a qui confondent harcèlement et commandement. En général, ce ne sont pas les meilleurs. On est amenés à leur faire des remarques, c'est le boulot d'un chef. »

Selon Philippe Patisson, sa situation l'a conduit à réclamer sa mutation du Nord, raison de son arrivée à Tournai. « Depuis que je suis parti, il y a eu au SDIG cinq arrêts pour dépression et douze demandes de mutation. » L'expression d'un malaise.