vendredi 17 février 2012

A Burbure (62) Une femme demande «Un toit pour vivre avec mes enfants»


Une famille de Burbure se retrouve dans une misère noire est rien ne se passe… Jusque où devront aller ces gens pour avoir un logement décent… nous retranscrivons ci-dessous un article de l’Avenir de l’Artois , du 16 février 2012, qui a lui seul résume tout de cette situation dramatique et inadmissible.

"Élisabeth, mère de quatre enfants, va bientôt se retrouver à la porte de sa maison. Déjà depuis plusieurs mois, elle vit dans des conditions indignes, sans chauffage et dans l'humidité. «Elle est à bout de forces », lâche une amie d'Élisabeth.

Lundi 13 février, dans la matinée, elles sont cinq à s'être réunies auprès de cette locataire du 15 rue du Bois à Burbure. Pour lui témoigner leur soutien. Dans la maison, il fait un froid glacial, malgré le redoux ressenti à l'extérieur. Un feu à pétrole fonctionne depuis deux heures dans la première pièce, mais il n'y paraît pas. Sur les murs et les plafonds, de l'humidité voire du gel. En discutant, on peut distinguer le souffle de chacun, tant les températures sont basses.

La mère de famille, séparée de son mari, retrace sa situation. Rapidement, sa voix se brise et les larmes se mettent à couler sur ses joues. En mai dernier, sa propriétaire est décédée. Ses successeurs ont alors mis la maison en vente. À la même époque, elle dit ne plus avoir eu de chauffage. « La chaudière est morte. L'humidité est arrivée progressivement avec l'hiver. » Mais ce n'est qu'il y a quinze jours que ce constat a été fait. Pourtant, la dame affirme avoir fait appel à plusieurs reprises aux propriétaires des lieux.




Dès qu'elle a été informée de la mise en vente de son habitation, elle a aussi effectué de nombreuses demandes de logement, auprès de plusieurs bailleurs sociaux. Toutes ont, pour l'instant, été rejetées : « Il ne manquait qu'un papier !, s'insurgent ses amies. L'ordonnance de non conciliation. Mais elle ne l'aura jamais ce papier puisqu'elle annule son mariage ! Ce n'est pas un divorce. » Et Élisabeth d'ajouter : « Mon dossier FSL (Fonds de solidarité pour le logement, ndlr) a été accepté. J'ai l'APL (Aide personnalisée au logement). J'ai toujours payé mes loyers en temps et en heure ! J'ai fait mes dossiers de demande avec une assistante sociale et j'ai un papier préfectoral pour avoir un logement d'office. Mais, chez les bailleurs, on m'a dit que d'autres personnes étaient prioritaires : "Il y a pire que vous, madame", on m'a dit... J'ai écrit au Président de la République, j'ai fait appel aux maires de Burbure et d'Auchel, mais personne ne bouge et ne veut m'aider... » « Tu peux pas lutter contre un pot de fer », lance une de ses amies. Élisabeth précise qu'elle a reçu l'aide d'une assistance sociale - « Mme Brassart, il n'y a qu'elle qui a vraiment bougé » - et le soutien de la directrice de l'école maternelle Matisse d'Auchel. Vend'Immo, en charge de la vente de la maison, a aussi fait une attestation stipulant qu'il était "impératif de lui trouver un logement le plus rapidement possible".

René Hocq, maire de Burbure, assure avoir reçu, avec ses services, la dame autant de fois qu'elle le demandait, pour l'accompagner dans ses démarches. Le maire a aussi adressé un courrier au sous-préfet pour appuyer sa demande de relogement, dans le cadre des logements contingentés. À Burbure, le parc des bailleurs publics ne disposait pas de logement vacant. On affirme toutefois que le relogement est imminent, dans une autre commune.

« Il faut que je mette une tente dans le bois de Saint-Pierre pour être un peu mieux ? » Accablée, Élisabeth ne sait plus quoi faire pour s'en sortir. D'autant qu'avec le froid qui s'est abattu sur la région ces derniers jours, la situation n'a fait qu'empirer. « Tout est gelé ! Je n'ai plus d'eau. » La dame a dû se réfugier chez une amie avec ses enfants. Christelle, qui l'héberge, commente : « Je n'ai que deux chambres. Je vis avec ma fille ». Alors les enfants se sont partagé les chambres et les deux adultes ont trouvé place dans le salon. « Leur vie est bouleversée, et la mienne aussi ! », souligne Christelle.




Des dernières nuits qu'elle a passées chez elle, alors qu'il gelait dehors, Élisabeth raconte : « Je n'ai pas dormi. Mes enfants devaient porter un bonnet. On se chauffait avec un feu à pétrole qu'on m'a prêté. Je me levais à 5h30 pour l'allumer pour mes enfants ».

Si elle a trouvé une solution provisoire pour survivre au froid, la mère de famille déplore la perte de presque tous ses biens : « Draps, serviettes, linge... j'ai dû tout jeter. Mes meubles de cuisine et mon matelas sont moisis. J'ai aussi jeté mon réfrigérateur, des jouets, et même des photos de mes enfants qui avaient moisi ». Marjorie, une autre amie, glisse : « Elle se retrouve à zéro ». Et Élisabeth se remet à pleurer : « Je n'ai plus rien, plus rien ! » Autre ombre au tableau déjà bien sombre : son troisième fils souffre d'un retard mental. « Je me suis battue pour qu'il soit accepté au collège Sévigné, dans les classes spéciales. Alors je dois rester dans les environs. Mon fils ne peut pas rester seul, prendre le bus... » La maison dans laquelle vit Élisabeth a été vendue le 5 octobre 2011, elle doit rendre sa location le 28 février pour la remise des clés au nouveau propriétaire. « C'est pas un château que je demande ! » Et son amie scande : « Les gosses ont besoin d'une maison, c'est tout. On l'aide depuis plusieurs mois, on fait en sorte que les gosses souffrent le moins possible ».

Ne voyant plus d'autres recours, Marjorie a fait appel aux médias. Mardi, le dossier d'Élisabeth devait être examiné par Logis 62, mais la dame est formelle : « Je n'y crois plus ».Du côté de Vend Immo, on joue la prudence. Nous ne sommes pas parvenus à joindre le propriétaire de la maison. Le maire d'Auchel n'a pas donné suite à notre sollicitation. "