dimanche 4 décembre 2011

Unilever invente la fiche de paie négative


Hier au petit matin, des ouvriers de Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône) se sont présentés en tenue de travail à l’entrée de leur usine de sachets de thé Lipton et d’infusions éléphant laquelle aurait dû redémarrer au lendemain de la décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence annulant le plan de sauvegarde de l’emploi d’Unilever ainsi que tous les licenciements prononcés l’été dernier. Ils ont pu constater que la direction locale s’était à nouveau fait porter pâle. «Actuellement 110 des 155 personnes licenciées l’été dernier ont demandé leur réintégration et donc le redémarrage de l’usine. Celle-ci peut fonctionner puisque nous avons eu le bon réflexe de placer sous notre surveillance l’outil de travail. La direction essaye au contraire en agitant le carnet de chèques de dissuader les gens de faire valoir leurs droits», s’indigne le délégué CGT, Olivier Leberquier.

Plus indignés encore étaient cependant ces vingt-deux salariés qui venaient de recevoir leurs fiches de paie. Certaines dans la case «net à payer» affichent 0 et la même punition leur avait été infligée en octobre. À l’évidence le patron d’Unilever France, qui s’est vu décerner, en présence de la ministre Kosciusko-Morizet, un prestigieux trophée pour « avoir intégré une dimension sociale à sa gouvernance considère comme des grévistes les licenciés qui ont mis sous surveillance leur outil de travail menacé de déménagement dans une usine dont l’activité devait officiellement cesser le 31 décembre prochain. «Après nous avoir agressés avec leur milice de mercenaires, ils cherchent à nous affamer !» proteste Gérard Cazorla, le secrétaire CGT du CE, porteur avec un collectif de salariés d’un projet alternatif à la fermeture de Fralib.

Mais pour d’autres travailleurs il y a encore pire puisque certaines fiches de paie sont «négatives» jusqu’à 2227 euros… à devoir à l’employeur ! Il s’agit de salariés licenciés par Unilever le 30 août dernier, mis depuis en congé de reclassement, et dont l’allocation a été calculée sur la moyenne des salaires correspondant à un temps de travail annualisé. «En période haute, pendant quatre mois, on travaillait 37,5 heures par semaine et, le reste du temps, 32 heures. C’est la période haute qui a été prise en compte pour calculer la paie de novembre, suite à l’annulation des licenciements, d’où la différence négative», explique Olivier Leberquier. L’inspection du travail qui a été saisie a déclaré au syndicaliste qu’elle «n’avait jamais vu une chose pareille ».



Source : Groupe Pavillon Noir