jeudi 8 décembre 2011

Le "Pentagone à la française" ou comment Bouygues est visé par une enquête pour corruption


Une information judiciaire pour corruption et trafic d'influence est ouverte depuis février, portant sur d'éventuelles malversations lors de l'attribution du chantier du futur siège du ministère de la Défense à Paris, a-t-on appris mardi 6 décembre de source judiciaire, confirmant une information du "Canard enchaîné". Le groupe Bouygues a été choisi en février par le gouvernement et a signé le contrat en mai pour réaliser ce chantier qui doit être achevé à l'été 2014, dans le quartier Balard (XVe arrondissement).

"Le groupe Bouygues n'est pas informé de cette procédure et ne souhaite pas faire de commentaires dans l'immédiat", a réagi un porte-parole du géant du BTP. Une enquête préliminaire avait été ouverte en octobre 2010 après communication aux enquêteurs de la Division nationale des investigations financières (Dnif) d'un renseignement anonyme à propos de la procédure de passation du marché, a précisé la source judiciaire.

Le parquet de Paris a ensuite ouvert en février une information judiciaire pour corruption, trafic d'influence et atteinte à la liberté d'accès et à l'égalité des candidats dans les marchés publics, a-t-on ajouté. Deux juges d'instruction ont été désignés pour mener l'enquête. Un haut responsable du ministère de la Défense est soupçonné d'avoir transmis à un cadre dirigeant de Bouygues un cahier des charges du marché avant ses concurrents, selon le Canard. Un intermédiaire connu des enquêteurs pour d'autres affaires de corruption aurait mis en relation ces deux personnes, selon la source judiciaire.

Le financement du contrat décroché par Bouygues en février doit se faire selon un contrat de Partenariat public privé (PPP) d'une ampleur inédite pour une administration. L'Etat ne commencera à payer qu'en 2014, lorsque les nouveaux bâtiments seront livrés. Pendant 27 ans, il devra alors débourser une redevance annuelle comprise entre 100 millions et 150 millions d'euro.