jeudi 8 décembre 2011

Billet d'humeur du jeudi 8 décembre 2011 (Bilan du système carcéral épisode 1 ou la prison de Nouméa à la limite du bagne)


En ce jeudi 8 décembre 2011, quoi de neuf en ce monde ??? Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Jean-Marie Delarue, a tiré la sonnette d'alarme sur la prison de Nouméa. Il a pour cela utilisé pour la première fois une procédure d'urgence. Le contrôleur décrit des conditions de vie "répugnantes". Le Camp Est, à lui seul, le nom de la prison de Nouméa évoque son lourd passé pénitentiaire. Avec la Guyane, la Nouvelle-Calédonie a longtemps été le bagne de la République. Et à la lecture des recommandations publiées par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), il semble que les temps n'aient pas beaucoup changé, du moins au niveau des conditions de vie des détenus.

Lors de leur visite inopinée en octobre, les quatre contrôleurs ont constaté une sur-occupation de 200% dans le centre de détention et de 300% à la maison d'arrêt, qui héberge les détentions provisoires et les courtes peines. Au total, 438 étaient écrouées à Camp Est pour une capacité de 218 places.




Ecœurés, ils se sont retrouvés face à six détenus dans des cellules de 12 m2, avec des matelas posés à-même le sol crasseux, où circulent des rats et des cafards. Des WC à la turque à peine isolés par des rideaux empestent l'atmosphère car les remontées d'égouts sont fréquentes. La chaleur dans les cellules est étouffante. Il faut dire que les aérations ont été bouchées pour empêcher les rongeurs de rentrer, ce qui, en plus, ne semble pas efficace. Les ventilateurs sont hors d'état. Seule solution pour rafraichir les cellules : les inonder, sans tenir compte du réseau électrique défectueux, avec des fils dénudés pendant des murs.

La description contenue dans les recommandations ramène plus d'un siècle en arrière. Le pire est atteint dans le quartier disciplinaire : les cellules "sont dans un état répugnant", écrit le contrôleur. Un angle, occupé par un coin toilettes, est couvert de traces d'humidité et d'excréments.




Quasiment aucune activité n'est proposée aux détenus, qui n'ont pas de télévision, ni même d'accès au téléphone. Le terrain de sport est impraticable et les promenades réduites à moins d'une heure par demi-journée. L'organisation des parloirs est indigente et certains proches repartent sans avoir vu le détenu, malgré les immenses distances de ce morceau de France en plein océan Pacifique.

Au vu de cette "violation grave des droits fondamentaux", le contrôleur des prisons a utilisé une procédure d'urgence jamais mise en œuvre jusqu'ici pour saisir le ministère de la Justice. Lequel répond que 10 millions d'euros de travaux ont été engagés en 10 ans sur Camp Est et qu'un litige avec la mairie de Nouméa bloque le permis de construire du projet de réhabilitation. D'autres sites sont envisagés, mais le contrôleur plaide pour une reconstruction sur place, le plus rapidement possible.

Voila encore un jour en ce beau monde….allez allez circulez il y a rien à voir !!!