jeudi 3 novembre 2011

Une lesbienne obtient l'autorité parentale sur les enfants de sa compagne


Une juge de Bayonne a accordé à une femme pacsée avec une autre femme l'autorité parentale conjointe sur les jumelles mises au monde par cette dernière. Le 26 octobre, cette juge aux affaires familiales a fait droit à la demande de Cécile J. et Marie-Catherine D., pacsées depuis septembre 2009, de voir Mme D. obtenir l'autorité parentale conjointe sur les jumelles mises au monde par Mme J. en février 2010 et reconnues par leur seule mère.

La juge remarque «les attestations multiples» faisant état «d'un couple uni, bien intégré dans leur milieu familial et social, et dont les qualités éducatives et affectives à l'égard des deux enfants sont reconnues». La magistrate estime «qu'il est de l'intérêt des deux mineures que les deux adultes présents au foyer partagent cette autorité parentale, et que celle-ci étant exercée déjà de fait conjointement, cette situation soit juridiquement consacrée».



Le parquet a un mois pour faire appel du jugement. Mais à l'audience, il ne s'était pas opposé à la demande du couple. Si la décision devient définitive, il s'agira d'un revirement de jurisprudence selon Me Colette Capdevielle. En effet, l'article 377 du code civil prévoit actuellement la possibilité d'une délégation d'autorité parentale à un tiers seulement «lorsque les circonstances l'exigent».

Or la Cour de cassation a rejeté le 8 juillet 2010 une demande similaire d'un couple de femmes pacsées, estimant qu'elles ne démontraient pas de «circonstances particulières» à l'appui de leur demande. Un autre couple de femmes, séparées, avait en revanche obtenu gain de cause en 2009, cette séparation apparaissant justement comme la «circonstance» requise. «La jurisprudence est faite pour évoluer en fonction de la société et des débats qui l'agitent», a estimé Me Capdevielle.



Plus tôt cette année, le tribunal de grande instance de Créteil a accordé à une lesbienne le partage de l'autorité parentale sur la fille de sa compagne . En novembre 2010, une femme avait également obtenu devant le tribunal aux affaires familiales de Versailles le partage de l'autorité parentale sur le fils de sa compagne .

L'avocate a considéré que «derrière ce mot de "circonstances" on peut mettre ce qu'on veut», et que «le texte de loi est suffisamment ouvert pour laisser au juge du fond toute liberté d'appréciation». Elle a néanmoins suggéré une réécriture de l'article 377 «pour éviter des conflits de jurisprudence».